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histoire de grain-de-beauté
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— Et Schahrazade, ayant fini de raconter cette histoire, se sentit un peu fatiguée, et se tut.

Alors le roi Schahriar, qui était resté immobile d’attention pendant tout ce temps, s’écria : « Cette histoire de Grain-de-Beauté, ô Schahrazade, est vraiment extraordinaire, et Mahmoud-le-Bilatéral et Sésame le courtier avec sa recette pour réchauffer les œufs froids m’ont ravi à l’extrême. Mais je dois te dire mon étonnement de voir si peu de poèmes dans cette histoire, alors que tu m’avais habitué à des vers splendides ! Et puis, il faut que je te le dise, les gestes du Bilatéral ont encore pour moi une certaine obscurité, et je serais charmé de t’entendre m’en donner une explication plus claire, si tu le peux toutefois ! »

À ces paroles du roi Schahriar, Schahrazade sourit légèrement et regarda sa sœur Doniazade qu’elle trouva extrêmement amusée ; puis elle dit au Roi : « Maintenant, ô Roi fortuné, que cette petite peut tout entendre, je veux te raconter une ou deux des Aventures du poète Abou-Nowas, le plus délicieux et le plus charmant et le plus spirituel de tous les poètes de l’Iran et de l’Arabie ! »

Et la petite Doniazade se leva du tapis où elle était blottie et courut se jeter dans les bras de sa sœur, qu’elle embrassa tendrement, et elle lui dit : « Oh ! de grâce, Schahrazade, commence tout de suite ! Tu serais si gentille, ô ma sœur ! » Et Schahrazade dit : « De tout cœur amical et comme hommages dûs à ce Roi doué de bonnes manières ! »

Mais comme elle voyait apparaître le matin, Schahrazade, toujours discrète, renvoya le récit au lendemain.


fin du cinquième volume