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les mille nuits et une nuit

La joie de la mère fut immense, elle qui depuis de si longues années avait revêtu les habits de deuil, et elle tomba évanouie dans les bras de son enfant. Et le vénérable Schamseddîn également.

Lorsqu’ils se furent reposés pendant trois jours à la maison, ils montèrent tous ensemble sur le lit qui, sur l’ordre de la princesse Hosn-Mariam les transporta sains et saufs à Baghdad, où le khalifat reçut Grain-de-Beauté en l’embrassant comme un fils et le combla de charges et d’honneurs, lui, ainsi que son père Schamseddîn et son fils Aslân.

Après quoi Grain-de-Beauté se souvint qu’en somme la cause première de sa fortune était Mahmoud-le-Bilatéral qui l’avait d’abord si ingénieusement obligé à voyager et l’avait ensuite recueilli, dénué de tout, sur la plate-forme de la fontaine publique. Aussi le fit-il chercher partout et finit-il par le trouver assis dans un jardin au milieu de jeunes garçons avec lesquels il chantait et buvait. Et il le pria de venir au palais où il le fit nommer, tout bilatéral qu’il fût, chef de la police à la place d’Ahmad-la-Teigne.

Ce devoir rempli, Grain-de-Beauté, heureux de retrouver un fils aussi beau et vaillant que l’était le jeune Aslân, remercia Allah de ses faveurs. Et il vécut à la limite du bonheur, à Baghdad, au milieu de ses trois épouses Zobéida, Yasmine et Hosn-Mariam, pendant des années et des années, jusqu’à ce qu’il fût visité par la Destructrice des délices et la Séparatrice des amis ! Louanges soient rendues à l’Immuable vers Lequel convergent toutes choses créées ! »