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histoire de grain-de-beauté
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écrite par Allah (qu’il soit béni !). Grain-de-Beauté débarqua aussitôt et fut charmé de l’aspect d’Iskandaria qu’il n’avait jamais vue, bien qu’il fût natif du Caire. Et il alla aussitôt au souk, où il loua une boutique toute prête déjà et que le crieur public proposait à la vente, telle quelle. C’était, en effet, une boutique dont le propriétaire venait de subitement mourir ; elle était meublée, comme d’usage, de coussins et contenait, comme marchandises, des objets pour les gens de mer, tels que voiles, cordages, ficelles, coffres solides, sacs pour pacotilles, armes de toutes formes et de tous prix et surtout une quantité énorme de ferrailles et de vieilleries fort estimées des capitaines marins qui les achetaient là pour les revendre aux gens de l’Occident ; car les gens de ces pays-là estiment à l’extrême les vieilleries des temps anciens et échangent leurs femmes et leurs filles contre, par exemple, un morceau de bois pourri, une pierre talismanique ou un vieux sabre rouillé.

Aussi il n’y a pointa s’étonner que Grain-de-Beauté, durant les longues années de son exil loin de Baghdad, ait merveilleusement réussi dans son commerce et réalisé le dix pour un ; car rien n’est plus productif que la vente des vieilleries qu’on achète pour, par exemple, un drachme et qu’on revend pour dix dinars.

Lorsqu’il eut vendu tout ce que contenait la boutique, Grain-de-Beauté se disposait à la revendre vide, quand soudain il aperçut, sur une des étagères qu’il savait absolument dégarnies, un objet rouge et brillant. Il le prit et constata, à la limite de l’étonne-