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histoire de grain-de-beauté
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À ces paroles, le khalifat changea de couleur et devint jaune comme le safran, et d’une voix effrayante il appela le chef des gardes et lui dit : « Fouille devant moi le chef de la police ! » Alors le chef des gardes, le vieil ami de Grain-de-Beauté, s’approcha d’Ahmad-la-Teigne et lui fouilla les poches en un clin d’œil, et retira soudain la petite lampe d’or volée au khalifat !

Alors le khalifat, pouvant à peine se contenir, dit à Ahmad-la-Teigne : « Avance ! D’où te vient cette lampe ? » Il répondit : « Je l’ai achetée, ô commandeur des Croyants ! » Et le khalifat dit aux gardes : « Administrez-lui tout de suite la bastonnade, jusqu’à l’aveu ! » Et aussitôt Ahmad-la-Teigne fut saisi par les gardes, mis nu et fustigé et criblé de coups jusqu’à ce qu’il eût tout avoué et raconté toute l’histoire depuis le commencement jusqu’à la fin.

Le khalifat se tourna alors vers le jeune Aslân et lui dit : « À ton tour maintenant. Tu vas le pendre de ta propre main ! » Et aussitôt les gardes passèrent la corde au cou d’Ahmad-la-Teigne, et Aslân la saisit de ses deux mains et, aidé du chef des gardes, il hissa le bandit au haut de la potence dressée au milieu du champ de courses.

Lorsque justice fut ainsi faite, le khalifat dit à Aslân : « Mon fils, tu ne m’as pas encore demandé une faveur pour ton exploit ! » Et Aslân répondit : « Ô commandeur des Croyants, du moment que tu me permets une demande, je te prie de me rendre mon père ! »

À ces paroles, le khalifat, extrêmement ému, se mit à pleurer, puis il soupira : « Mais ne sais-tu,