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histoire de grain-de-beauté
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nèbres ! » Et il ajouta : « Dès demain, ô mon fils, Allah te vengera ! »

En effet, ce jour-là le khalifat donnait un grand tournoi où devaient jouter tous les émirs et les meilleurs cavaliers de Baghdad, et où l’on devait organiser une partie de jeu de balle au maillet, à cheval. Et le jeune Aslân lui-même était du nombre des joueurs de maillet. Et il avait revêtu sa cotte de mailles et enfourché le plus beau cheval des écuries de son père adoptif, l’émir Khaled. Et vraiment il était splendide ainsi ; et le khalifat lui-même fut extrêmement charmé de sa tenue et de sa vivante jeunesse. Aussi voulut-il l’avoir comme son partenaire.

Et le jeu commença. Et de part et d’autre les joueurs déployèrent un grand art dans leurs mouvements et une adresse merveilleuse à renvoyer la balle au moyen de leur maillet, au grand galop de leurs chevaux.

Mais soudain l’un des joueurs du camp opposé à celui que dirigeait le khalifat en personne, lança la balle droit au visage du khalifat, et d’un coup si adroit et si vigoureux qu’infailliblement c’en était fait des yeux et de la vie peut-être du khalifat, si le jeune Aslân, avec une dextérité admirable, n’eût, d’un coup de son maillet, arrêté juste à temps la balle au vol. Et il la renvoya si terriblement dans la direction opposée qu’elle atteignit au dos le cavalier qui l’avait lancée et le désarçonna en lui cassant la colonne !

À cette action d’éclat, le khalifat regarda le jeune Aslân et lui dit : « Vivent les braves, ô fils de l’émir