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les mille nuits et une nuit

cer ses petits doigts dans la barbe vénérable de l’émir. Mais, à la vue de sa mère, le petit se jeta en avant en tendant les bras ; et l’émir Khaled le retint encore et dit à Yasmine avec bonté : « Approche-toi, ô esclave ! Cet enfant serait-il ton fils ? » Elle répondit : « Oui, ô mon maître, c’est le fruit de mon cœur ! » Il lui demanda : « Et qui est son père ? Est ce un de mes serviteurs ? » Elle dit, en répandant un torrent de larmes : « Son père est mon époux Grain-de-Beauté. Mais maintenant, ô mon maître, il est ton fils ! » Le wali, très ému, dit à l’esclave : « Par Allah ! tu l’as dit. Il est désormais mon fils ! » Et sur l’heure il l’adopta, et dit à la mère : « Il te faut donc, dès aujourd’hui, considérer ton fils comme mien, et lui faire croire pour toujours, quand il sera en âge de comprendre, qu’il n’a jamais eu d’autre père que moi ! » Et Yasmine répondit : « J’écoute et j’obéis ! »

Alors l’émir Khaled se chargea, en vrai père, du fils de Grain-de-Beauté, et lui donna une éducation soignée et le mit entre les mains d’un maître fort savant qui était un calligraphe de premier ordre et qui lui apprit la belle écriture, le Korân, la géométrie et la poésie. Puis quand le jeune Aslân fut devenu plus grand, son père adoptif, l’émir Khaled, lui apprit lui-même à monter à cheval, à manier les armes, à jouter de la lance et à lutter dans les tournois. Et il devint de la sorte, à l’âge de quatorze ans, un cavalier accompli, et fut élevé par le khalifat au titre d’émir, comme son père le wali.

Or, le destin voulut un jour faire se rencontrer le jeune Aslân et Ahmad-la-Teigne, à la porte du caba-