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histoire de grain-de-beauté
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qu’à ce qu’Allah, dans sa sagesse, change cet état de choses ! »

Puis, sans même laisser le temps à Grain-de-Beauté de faire ses adieux à son épouse Zobéida, il remmena en lui disant : « Nous allons de ce pas aller au port d’Aïas, sur la mer salée, pour de là nous embarquer pour Iskandaria[1], où tu attendras les événements dans une vie tranquille ; car cette ville d’Iskandaria, ô mon fils, est fort agréable à habiter, et son approche est verte et bénie ! »

Aussitôt tous deux se mirent en route, dans la nuit, et furent bientôt hors de Baghdad. Mais ils n’avaient point de montures, et déjà ils se demandaient comment ils allaient faire pour s’en procurer, quand ils virent deux juifs, qui étaient des changeurs de Baghdad, hommes fort riches et connus du khalifat. Alors le chef des gardes eut peur qu’ils n’allassent raconter au khalifat l’avoir vu avec Grain-de-Beauté vivant. Il s’avança donc vers eux et leur cria : « Descendez de vos mules ! » Et les deux juifs tremblants descendirent, et le chef des gardes leur coupa la tête, prit leur argent, et monta sur une mule en donnant l’autre à Grain-de-Beauté ; et tous deux continuèrent leur route vers la mer.

Arrivés à Aïas, ils prirent soin de confier leurs mules au propriétaire du khân où ils descendirent se reposer, en lui recommandant de les bien soigner, et le lendemain ils cherchèrent ensemble un navire en partance pour Iskandaria. Ils finirent par en trouver un qui était sur le point de mettre à la voile. Alors le chef des gardes, après avoir remis à Grain-de-

  1. Alexandrie.