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les mille nuits et une nuit

dans la maison du fidèle confident du khalifat ! Permets-moi donc de me retirer, comme si la chose était faite ! » Grain-de-Beauté dit : « Qu’Allah m’en préserve, ô chef de la police ! Il faut accomplir ton devoir jusqu’au bout ! » Alors Ahmad-la-Teigne dit : « Je vais le faire pour la forme seulement ! » Et d’un air négligent il sortit dans la cour et se mit à en faire le tour en frappant chaque carré de marbre de sa lourde baguette d’airain, jusqu’à ce qu’il fût arrivé au carré en question qui, sous le choc, rendit un son creux.

En entendant ce son, Ahmad-la-Teigne s’écria : « Ô seigneur, par Allah ! je crois bien qu’il doit y avoir là-dessous quelque ancien caveau qui recèle un trésor des temps passés ! » Et Grain-de-Beauté dit aux quatre gardes : « Alors essayez d’enlever ce marbre pour voir un peu ce qu’il y a dessous ! » Et aussitôt les gardes firent pénétrer leurs instruments dans les interstices du carré de marbre et le soulevèrent. Et, devant les yeux de tous, apparurent trois des objets volés, à savoir le sabre, le cachet et le chapelet !

À cette vue, Grain-de-Beauté s’écria : « Au nom d’Allah ! » et tomba évanoui.

Alors Ahmad-la-Teigne envoya chercher le kâdi et le wali et les témoins, qui dressèrent aussitôt procès-verbal de cette découverte ; et tous cachetèrent la feuille, et le kâdi en personne alla la remettre au khalifat, alors que les gardes s’assuraient de la personne de Grain-de-Beauté.

Lorsque le khalifat eut entre les mains les trois objets, sans la lampe, et eut appris leur découverte