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histoire de grain-de-beauté
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meil des esclaves pour accrocher son échelle de cordes le long du mur du pavillon qui servait d’appartement à l’épouse du khalifat, y grimper, et pénétrer aussi silencieux qu’une ombre dans le vestibule où, en un clin d’œil, il s’empara des quatre objets précieux, pour se hâter de descendre par où il était monté.

De là, il courut à la maison de Grain-de-Beauté et, de la même façon, il pénétra dans la cour où, sans faire le moindre bruit, il enleva l’un des carrés de marbre qui la pavaient, creusa rapidement une fosse et y enfouit les objets volés. Puis, après avoir tout remis en ordre, il disparut pour aller continuer de boire au cabaret du juif Abraham.

Toutefois, Ahmad-la-Teigne, en voleur parfait qu’il était, n’avait pu résister au désir de s’approprier l’un des quatre objets précieux. Il avait donc distrait la petite lampe d’or et, au lieu de l’enfouir avec le reste au fond de la fosse, il l’avait enfouie dans sa poche en se disant : « Il n’est pas dans mes habitudes de ne pas percevoir la commission. Ici je me paie moi-même ! »

Mais, pour revenir au khalifat, sa surprise d’abord fut grande quand le matin il ne trouva plus sur le guéridon les quatre objets précieux. Puis, quand les eunuques interrogés se furent jetés la face contre terre en protestant de leur ignorance, le khalifat entra dans une colère sans limites et telle qu’il revêtit sur l’heure la terrible robe de la fureur. Cette robe était toute en soie rouge ; et quand le khalifat la portait c’était signe d’un désastre certain et de calamités effroyables sur la tête de tous ceux qui l’entouraient.