Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 5, trad Mardrus, 1900.djvu/275

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de grain-de-beauté
269

je suis au courant de tes exploits, je veux t’aider à persister maintenant dans ton repentir et, comme nul ne connaît mieux les voleurs que toi, je te nomme chef de la police de Baghdad. » Et aussitôt le khalifat fit proclamer un édit par lequel il nommait Ahmad-la-Teigne chef de la police. Alors Ahmad baisa la main au khalifat et entra immédiatement dans l’exercice de ses fonctions.

Il commença donc, afin de joyeusement fêter sa délivrance et ses nouvelles fonctions, par aller au cabaret tenu par le juif Abraham, le témoin de ses anciens exploits, vider deux ou trois vieux pots de sa boisson favorite, un vin ionien excellent. Aussi quand sa mère vint le trouver pour lui parler de la gratitude qu’il devait témoigner désormais à celle qui avait été la cause de sa délivrance, l’épouse de l’émir Khaled, la mère de Gros-Bouffi, — elle le trouva à moitié ivre et en train de tirer la barbe du juif qui n’osait protester par respect pour les fonctions redoutables du chef de la police, l’ancien Ahmad-la-Teigne.

Elle réussit tout de même à le tirer de là et, le prenant à part, lui raconta tous les incidents qui avaient eu pour résultat sa délivrance, et lui dit qu’il fallait tout de suite imaginer quelque chose pour enlever l’esclave à Grain-de-Beauté, le commandant du palais.

À ces paroles, Ahmad-la-Teigne dit à sa mère : « La chose sera faite ce soir. Car rien n’est plus facile. » Et il a quitta pour aller préparer le coup…