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histoire de grain-de-beauté
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cajoleries, à le ramener à la maison, il se jeta sur les matelas et ne voulut plus se relever pour manger ou boire, et d’ailleurs il avait presque perdu la raison.

Pendant que toutes les femmes de la maison, consternées, entouraient la mère de Gros-Bouffi qui était à la limite de la perplexité, une vieille femme vint à entrer qui était la mère d’un voleur illustre, actuellement détenu en vertu d’une condamnation à la prison perpétuelle, et connu de tout Baghdad sous le nom d’Ahmad-la-Teigne.

Cet Ahmad-la-Teigne était si habile dans l’art du vol que c’était pour lui un jeu d’enlever une porte devant le portier même et de la faire disparaître en un clin d’œil comme s’il l’avalait, de percer les murs devant le propriétaire en faisant semblant de pisser, d’arracher les cils des yeux à un individu sans en être remarqué, et d’essuyer le kohl des yeux d’une femme sans qu’elle le sentît.

La mère d’Ahmad-la-Teigne entra donc chez la mère de Gros-Bouffi, et, après les salams, lui demanda : « Quelle est la cause de ton affliction, ô ma maîtresse ? Et de quel mal souffre mon jeune maître, ton fils, qu’Allah conserve ? » Alors la mère de Gros-Bouffi raconta à cette vieille, qui lui servait depuis longtemps de procureuse de servantes, la contrariété qui les mettait toutes dans cet état. Et la mère d’Ahmad-la-Teigne s’écria : « Ô ma maîtresse, il n’y a que mon fils pour vous tirer d’embarras, je te le jure sur ta vie ! Tâche d’obtenir son élargissement, et il saura trouver un expédient pour amener la belle Yasmine entre les mains de notre jeune maî-