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les mille nuits et une nuit

père : « C’est celle-ci qu’il me faut ! » Et de son côté Giafar demanda à Grain-de-Beauté : « Celle-ci te convient-elle ? » Il répondit : « Elle fait l’affaire ! »

Alors Giafar demanda à la jeune fille : « Comment t’appelles-tu, ô gentille esclave ? » Elle répondit : « Ô mon maître, Yasmine ! » Alors le vizir demanda au courtier : « Combien la mise à prix d’Yasmine ? » Il dit : « Cinq mille dinars, ô mon maître ! » Alors Gros-Bouffi s’écria : « J’en offre six mille ! »

À ce moment, Grain-de-Beauté s’avança et dit : « J’en offre huit mille ! » Alors Gros-Bouffi renifla de rage et dit : « Huit mille dinars et un ! » Giafar dit : « Neuf mille et un ! » Mais Grain-de-Beauté dit : « Dix mille dinars ! »

Alors, le courtier, craignant un revirement des deux parties, dit : « À dix mille dinars, l’esclave Yasmine ! » Et il la livra à Grain-de-Beauté.

À cette vue, Gros-Bouffi tomba en battant l’air des pieds et des mains, à la grande désolation de son père, l’émir Khaled, qui ne l’avait conduit au souk que pour obéir à son épouse, car il le détestait pour sa laideur et son idiotie.

Quant à Grain-de-Beauté, après avoir remercié le vizir Giafar, il emmena Yasmine et l’aima, et elle aussi l’aima. Aussi, après l’avoir présentée à son épouse Zobéida, qui la trouva sympathique et le loua de son choix, il s’unit à elle d’une façon légitime, en la prenant comme seconde épouse. Et il dormit avec elle cette nuit-là, et du coup la féconda, comme il sera prouvé dans la suite de l’histoire.

Mais pour ce qui est de Gros-Bouffi, voici !

Lorsqu’on eut réussi, à force de promesses et de