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histoire de grain-de-beauté
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Justement, la veille au soir, Gros-Bouffi avait atteint sa quatorzième année, et sa mère était inquiète, depuis déjà un certain temps, de ne constater en lui aucun symptôme de réelle virilité. Mais elle ne tarda pas à se tranquilliser en remarquant, le matin même de ce jour-là, que son fils Gros-Bouffi avait, à la suite d’un rêve, copulé tout seul dans son sommeil en laissant sur le matelas un signe péremptoire.

Cette constatation avait ravi à l’extrême la mère de Gros-Bouffi et l’avait fait courir auprès de son époux à qui elle avait rapporté l’heureuse nouvelle, en l’obligeant à descendre immédiatement au souk, accompagné de son fils, pour lui acheter une belle esclave à sa convenance.

Donc le Destin, qui est entre les mains d’Allah, voulut ce jour-là faire ainsi se rencontrer au souk des esclaves Giafar et Grain-de-Beauté avec l’émir Khaled et son fils Gros-Bouffi.

Après les salams d’usage, ils se réunirent en un seul groupe et firent défiler devant eux les courtiers, chacun avec les esclaves blanches, brunes ou noires dont il disposait.

Ils virent de la sorte une quantité innombrable de jeunes filles grecques, abyssines, chinoises et persanes, et ils allaient se retirer sans fixer ce jour-là leur choix sur aucune, quand le chef des courtiers en personne passa le dernier en tenant par la main une jeune fille au visage découvert, plus belle que la pleine lune du mois de Ramadan.

À sa vue, Gros-Bouffi se mit à renifler avec force pour exprimer son désir et dit à l’émir Khaled, son