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histoire de karamalzamân avec boudour
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tranquille, en pensant au jeune homme endormi, elle entendit soudain, non loin de là, un bruit d’ailes, par battements précipités, qui la fit se tourner de ce côté. Et elle reconnut que l’auteur de ce bruit était l’éfrit Dahnasch, un génie de la mauvaise espèce, l’un des rebelles qui ne croient point et ne reconnaissent pas la suprématie de Soleimân ben-Daoûd. Et ce Dahnasch était fils de Schamhourasch, lequel était, parmi les éfrits, le plus rapide dans les courses aériennes.

Quand Maïmouna eut aperçu ce mauvais Dahnasch, elle craignit beaucoup que le coquin ne vît la lumière de la tour et n’allât perpétrer qui sait quoi là-bas ! Aussi elle fondit sur lui d’un élan semblable à celui de l’épervier, et allait l’atteindre et l’abîmer quand Dahnasch lui fit signe qu’il se rendait à discrétion et lui dit, en tremblant de peur : « Ô puissante Maïmouna, fille du roi des génies, je t’adjure par le Nom Auguste et par le talisman sacré du sceau de Soleimân de ne point user de ton pouvoir pour me nuire ! Et de mon côté je te promets de ne rien faire de répréhensible ! » Alors Maïmouna dit à Dahnasch, fils de Schamhourasch : « Soit ! Je veux bien t’épargner. Mais hâte-toi de me dire d’où tu viens à cette heure, ce que tu fais là et où tu penses aller ! Et sois surtout véridique dans tes paroles, ô Dahnasch, sans quoi je suis prête à t’arracher, avec mes mains, les plumes des ailes, à t’écorcher la peau et à te casser les os pour ensuite te précipiter comme une masse ! Ne crois donc pas pouvoir t’échapper par le mensonge, ô Dahnasch ! » Alors l’éfrit dit : « Ô ma maîtresse Maïmouna, sache qu’en ce moment tu me