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les mille nuits et une nuit

à se rendre régulièrement auprès du khalifat, qui ne pouvait plus se passer de le voir. Et, pour vendre ses marchandises, comme il n’en avait guère le temps lui-même, il fit ouvrir une belle boutique à la tête de laquelle il mit le petit esclave brun qui s’acquitta à merveille de ce métier tout de délicatesse.

À peine deux ou trois jours s’étaient-ils écoulés de la sorte que l’on vint annoncer au khalifat la mort subite de son grand échanson. Et le khalifat, sur le champ, nomma Grain-de-Beauté aux fonctions de grand échanson, et lui fit don d’une robe d’honneur appropriée à cette haute charge, et lui fixa des émoluments somptueux. Et de la sorte il ne s’en sépara plus.

Le surlendemain, comme Grain-de-Beauté se tenait aux côtés du khalifat, le grand chambellan entra, baisa la terre devant le trône et dit : « Qu’Allah conserve les jours de l’émir des Croyants, et les augmente d’autant de jours que la mort vient d’en ravir au commandant du palais ! » Et il ajouta : « Ô émir des Croyants, le commandant du palais vient de mourir ! » L’émir des Croyants dit : « Qu’Allah l’ait en sa miséricorde ! » Et séance tenante il nomma Grain-de-Beauté commandant du palais à la place du défunt, et lui fixa des émoluments encore plus somptueux. Et de la sorte Grain-de-Beauté devait rester continuellement à côté du khalifat. Puis, cette nomination faite et annoncée à tout le palais, le khalifat leva la séance en agitant, comme d’habitude, son mouchoir…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.