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histoire de grain-de-beauté
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recommanda à Grain-de-Beauté de ne pas oublier de venir, il s’en alla.

Le lendemain, Grain-de-Beauté, à qui son épouse avait beaucoup conseillé de se rendre au palais, choisit les choses les plus précieuses que lui avait apportées le petit Abyssin Salim, les mit dans un fort beau coffret et mit le coffret sur la tête du joli esclave ; puis, après avoir été habillé et accommodé avec beaucoup de soin par son épouse Zobéida, il se dirigea vers le diwan en emmenant le petit avec sa charge. Et il monta au diwan et, déposant le coffret aux pieds du khalifat, lui fit un compliment en vers bien rythmés, et lui dit : « Ô émir des Croyants, notre prophète béni (sur lui la prière et la paix !) acceptait les cadeaux pour ne point faire de la peine à ceux qui les lui offraient. Ton esclave serait lui aussi dans la félicité si tu voulais bien agréer ce petit coffret comme marque de sa gratitude ! »

Alors le khalifat fut charmé de cette attention de l’adolescent et lui dit : « C’est trop, ô Grain-de-Beauté, car toi-même tu nous es déjà un si beau présent ! Sois donc le bienvenu dans mon palais et dès aujourd’hui je veux te nommer à un haut emploi. » Et aussitôt il destitua de sa charge le grand syndic des marchands de Baghdad et nomma Grain-de-Beauté à sa place.

Puis, pour que cette nomination fût connue de tout le monde, le khalifat écrivit un firman où il décrétait la chose, fit remettre ce firman au wali, lequel le remit au crieur public qui le cria par toutes les rues et tous les souks de Baghdad.

Quant à Grain-de-Beauté, il commença dès ce jour