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histoire de grain-de-beauté
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dans la salle de réception et pria Zobéida de leur chanter quelque chose, de derrière le rideau. Et elle le fit d’une façon à ravir la raison, à faire danser les pierres et à suspendre au fond du ciel le vol des oiseaux.

À un moment donné, le chef des derviches se leva et s’absenta pour satisfaire un besoin. Alors l’un des faux derviches, qui était le poète Abou-Nowas, se pencha à l’oreille de Grain-de-Beauté et lui dit…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.

MAIS LORSQUE FUT
LA DEUX CENT SOIXANTE-SIXIÈME NUIT

Elle dit :

… le poète Abou-Nowas se pencha à l’oreille de Grain-de-Beauté et lui dit : « Ô notre hôte charmant, permets-moi de te poser une question. Comment as-tu pu croire un instant à l’envoi par ton père Schamseddîn des cinquante mulets chargés de richesses ? Voyons ! Combien de jours faut-il pour aller au Caire de Baghdad ? » Il répondit : « Quarante-cinq jours. » Abou-Nowas demanda : « Et pour revenir ? » Il répondit : « Quarante-cinq autres jours, au moins. » Abou-Nowas se mit à rire et dit : « Comment veux-tu alors qu’en moins de dix jours ton père ait appris la perte de ta caravane et ait pu t’en envoyer une se-