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les mille nuits et une nuit

arrêté à mi-route ! Non, par Allah ! je reste à l’adolescent qui m’a explorée dans tous les sens ! »

Lorsque le premier mari eut constaté que tout espoir pour lui était perdu, il en eut un tel chagrin que son foie éclata à l’heure même, et il mourut. Et voilà pour lui !

Quant à Grain-de-Beauté il continua à se réjouir avec la charmante et subtile Zobéida ; et tous les soirs, après le festin et de multiples foutreries, copulations et autres choses semblables, il organisait avec elle un concert à faire danser les pierres et à suspendre au fond du ciel le vol des oiseaux.

Le dixième jour après son mariage, il se rappela soudain la promesse que lui avait faite le chef des derviches de lui envoyer dix mille dinars, et il dit à son épouse : « Tu vois ce chef des menteurs ! Si j’avais dû attendre la réalisation de sa promesse, je serais déjà mort de faim en prison ! Par Allah ! si je le rencontre encore, je lui dirai ce que je pense de sa mauvaise foi ! »

Puis, comme le soir tombait, il fit allumer les flambeaux de la salle de réception et se disposait à organiser le concert, comme toutes les nuits, quand on frappa à la porte. Il voulut aller lui-même ouvrir et ne fut pas peu surpris de voir les quatre derviches de la première nuit. Il éclata de rire à leur figure et leur dit : « Bienvenus soient les menteurs, les hommes de mauvaise foi ! Mais je veux vous inviter tout de même à entrer ; car Allah m’a dispensé d’avoir désormais besoin de vos services. Et vous êtes d’ailleurs, bien que menteurs et hypocrites, tout à fait charmants et bien élevés ! » Et il les introduisit