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histoire de grain-de-beauté
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Cette lettre et l’arrivée inattendue de ces richesses mirent Grain-de-Beauté dans un tel émoi qu’il ne pensa pas un instant à l’invraisemblance de l’événement. Et il monta chez son épouse et lui apprit la chose.

Il n’avait pas fini ses explications que l’on frappa à la porte, et le père de Zobéida et le premier mari entrèrent dans le vestibule. Ils venaient essayer de persuader Grain-de-Beauté de divorcer à l’amiable.

Le père de Zobéida dit donc à Grain-de-Beauté : « Mon fils aie pitié de mon premier gendre qui aime beaucoup son ancienne épouse ! Allah t’a envoyé des richesses qui te permettront d’acheter les plus belles esclaves du marché et aussi de te marier, en noces légitimes, avec la fille du plus considérable d’entre les émirs. Rends donc à ce pauvre homme son ancienne épouse, et il consent à devenir ton esclave ! » Mais Grain-de-Beauté répondit : « Justement Allah m’a envoyé toutes ces richesses pour rémunérer largement mon prédécesseur. Je suis disposé à lui donner les cinquante mulets avec leurs marchandises et même le joli esclave abyssin Salim, et à ne garder de tout cela que le cadeau destiné à mon épouse, à savoir la cuvette et l’aiguière ! » Puis il ajouta : « Et si ta fille Zobéida consent à retourner à son ancien mari, je veux, à mon tour, la délier ! »

Alors le beau-père entra chez Zobéida et lui demanda : « Hein ! consens-tu à retourner à ton premier mari ? » Elle répondit, avec de grands gestes : « Ya Allah ! Ya Allah ! Mais il n’a jamais su le prix des plates-bandes de mon jardin, et s’est toujours