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les mille nuits et une nuit

qui, de sa vie entière d’excursions à travers la terre habitable, n’avait vu pareille beauté ?… Or, vraiment c’était bien à lui que pouvait s’appliquer ce cri du poète :

« Au toucher de mes lèvres je vis noircir ses prunelles qui sont ma folie et rougir ses joues qui sont toute mon âme,

« Et je m’écriai : « Ô mon cœur, dis à ceux qui osent blâmer ta passion : « Ô censeurs, montrez-moi un objet aussi beau que mon bien-aimé ! »

Donc, lorsque l’éfrita Maïmouna, fille de l’éfrit Domriatt, se fut bien rempli les yeux de ce spectacle merveilleux, elle loua Allah en s’écriant : « Béni soit le Créateur qui modèle la perfection ! » Puis elle pensa : « Comment le père et la mère de cet adolescent peuvent-ils ainsi se séparer de lui pour renfermer seul dans cette tour en ruines ? Ne craignent-ils donc pas les maléfices des mauvais génies de ma race qui habitent les décombres et les endroits déserts ? Mais, par Allah ! s’ils ne se soucient pas de leur enfant, je jure, moi, Maïmouna, de le prendre sous ma protection et de le défendre contre tout éfrit qui, attiré par ses charmes, voudrait en abuser ! » Puis elle se pencha sur Kamaralzamân et, bien délicatement, elle le baisa sur les lèvres, sur les paupières et sur chaque joue, ramena sur lui la couverture, sans le réveiller, étendit ses ailes et s’envola par la haute fenêtre vers le ciel.

Or, comme elle était arrivée dans la moyenne région pour y prendre le frais et qu’elle y planait