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histoire de grain-de-beauté
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Giafar, à son porte-glaive Massrour et à son poète favori, le délicieux Abou-Nowas : « Je me sens un peu oppressé de la poitrine. Allons nous promener un peu par les rues de Baghdad, pour trouver de quoi nous dilater les humeurs ! » Et ils s’étaient déguisés tous les quatre en derviches persans, et s’étaient mis à parcourir les rues de Baghdad, dans l’espoir de quelque aventure amusante. Et ils étaient arrivés de la sorte devant la maison de Zobéida et, ayant entendu les chants et le jeu des instruments, avaient, selon l’habitude des derviches, frappé à la porte, sans se gêner aucunement.

Lorsque Grain-de-Beauté vit les derviches, comme il n’était point ignorant des devoirs de l’hospitalité et qu’en outre il était dans d’excellentes dispositions, il les reçut cordialement et les introduisit dans le vestibule et leur apporta de quoi manger. Mais ils refusèrent la nourriture en disant : « Par Allah ! les esprits délicats n’ont guère besoin de nourriture pour se réjouir les sens, mais d’harmonie seulement ! Et justement nous constatons que les accords, entendus du dehors, se sont tus à notre entrée. Ne serait-ce point une chanteuse de profession qui chantait si merveilleusement ? » Grain-de-Beauté répondit : « Mais non, mes seigneurs ! C’était ma propre épouse. » Et il leur raconta son histoire depuis le commencement jusqu’à la fin, sans omettre un seul détail. Mais il n’y a point d’utilité à la répéter.

Alors le chef des derviches, qui était le khalifat lui-même, dit à Grain-de-Beauté, qu’il trouvait délicieux au possible et pour lequel il s’était senti pris