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les mille nuits et une nuit

cette femme vaut dix mille dinars ! C’est pour cela que je garde la propriétaire de cette précieuse chevelure. » Alors le kâdi te dira : « C’est ton droit ! Mais tu vas payer au premier époux la somme de dix mille dinars, en compensation. »

« Alors là, mon chéri, écoute bien ce que je vais te dire !

« Le vieux kâdi, homme d’ailleurs excellent, aime les jeunes garçons à la folie. Or, toi, tu as dû déjà produire sur lui une considérable impression, j’en suis sûre ! »

Grain-de-Beauté s’écria : « Tu crois alors que le kâdi, lui aussi, est bilatéral ? » Zobéida éclata de rire et dit : « Certainement ! Pourquoi donc cela t’étonne-t-il tant que ça ? » Il dit : « Décidément il est écrit que toute sa vie Grain-de-Beauté doit aller d’un bilatéral à un autre bilatéral ! Mais, ô subtile Zobéida, continue, je t’en prie, ton développement ! Tu disais donc : « Le vieux kâdi, homme d’ailleurs excellent, aime les jeunes garçons à la folie. Ne va pas me conseiller maintenant de lui vendre ma marchandise ! » Elle dit : « Non ! tu vas voir ! »

Et elle continua : « Lorsque le kâdi t’aura dit : « Il faut payer les dix mille dinars ! » toi, tu le regarderas comme ça, d’une certaine manière, tu feras mouvoir gentiment tes hanches, pas trop, mais cependant de façon à le liquéfier d’émotion sur son tapis. Et lui alors, sûrement, te donnera un sursis pour régler cette dette. Et d’ici là Allah pourvoira ! »

À ces paroles, Grain-de-Beauté réfléchit un instant et dit : « Cela se peut ! »