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histoire de grain-de-beauté
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lut le passer, pour le calmer, à la jeune femme qui devait savoir où le mettre. Mais elle lui dit : « Ne m’approche pas ! J’ai peur d’attraper la lèpre que tu as sur le corps ! »

À ces paroles, Grain-de-Beauté, sans prononcer une parole, se dévêtit de tous ses habits, puis de sa chemise et de son caleçon, qu’il jeta au loin, et parut dans sa parfaite nudité, aussi limpide que l’eau de roche et aussi intact que l’œil d’un enfant.

Alors l’adolescente ne douta plus du stratagème employé par la vieille entremetteuse, sur l’instigation de son premier époux, et, éblouie par les charmes du jeune homme, elle courut à lui, et l’enveloppa de ses bras et l’entraîna vers le lit, sur lequel elle roula avec lui. Et, haletante de désir, elle lui dit : « Fais tes preuves, ô cheikh Zacharias, ô père puissant des gros nerfs ! »

À cet appel si formel, Grain-de-Beauté saisit l’adolescente par les hanches, et pointa le gros nerf de confiture dans la direction de la porte des triomphes, et, le poussant vers le corridor de cristal, le fit vivement aboutir à la porte des victoires. Puis il le fit dévier de la grande route, et le poussa vigoureusement, par le chemin raccourci, vers la porte du monteur ; mais comme le nerf hésitait devant l’étroitesse de cette porte claquemurée, il força le passage en défonçant le couvercle du pot, et se trouva alors chez lui comme si l’architecte avait pris les mesures des deux côtés à la fois. Après cela, il continua son excursion en visitant lentement le souk du lundi, le marché du mardi, le bazar du mercredi et l’étalage du jeudi. Puis, ayant délié de la sorte tout ce qui