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histoire de karamalzamân avec boudour
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de son ascendance, fameuse dans les régions de l’inconnu.

Or, cette nuit-là, vers minuit, l’éfrita Maïmouna, sortit du puits, selon sa coutume, pour prendre l’air, et s’envola légère vers les étages du ciel pour de là se porter vers tel endroit où elle se sentirait attirée. Et comme elle passait près du sommet de la tour, elle fut très étonnée de voir une lumière là, où depuis de si longues années elle ne voyait jamais rien. Elle pensa donc en elle-même : « Sûr ! cette lumière n’est pas là sans motif ! Il me faut entrer là-dedans voir ce que c’est. » Alors elle fit un crochet et pénétra dans la tour ; et elle vit l’esclave couché à la porte ; mais, sans s’y arrêter, elle passa par-dessus et entra dans la chambre. Et quelle ne fut point sa surprise charmée à la vue de l’adolescent qui était couché demi-nu sur le lit ! Elle s’arrêta d’abord sur la pointe des pieds et, pour le mieux regarder, s’approcha tout doucement, après avoir abaissé ses ailes qui la gênaient un peu dans cette chambre étroite. Et elle releva tout à fait la couverture qui cachait le visage de l’adolescent et demeura stupéfaite de sa beauté. Et elle cessa de respirer pendant une heure de temps, de crainte de le réveiller avant d’avoir pu admirer à son aise toutes les délicatesses dont il était pétri. Car, en vérité, le charme qui se dégageait de tout lui, la rougeur délicate de ses joues, la tiédeur de ses paupières aux cils pleins d’ombre pâle et allongés, la courbe adorable de ses sourcils, tout cela, y compris l’odeur enivrante de sa peau et les reflets si doux de son corps, devait-il point émouvoir la gentille Maïmouna