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histoire de grain-de-beauté
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parler si paternellement à Grain-de-Beauté qu’il le décida à l’accompagner.

Il descendit donc le premier et l’aida ensuite à se mettre à cheval derrière lui, puis se mit en route vers sa maison, en frissonnant de plaisir au seul toucher du corps chaud et nu de l’adolescent cramponné à lui.

Son premier soin fut de conduire Grain-de-Beauté au hammam et de le baigner lui-même, sans l’aide d’un masseur ou d’un serviteur quelconque ; et, après l’avoir vêtu d’une robe de grande valeur, il le fit entrer dans la salle où d’ordinaire il recevait ses amis.

C’était une salle délicieuse de fraîcheur et d’ombre, éclairée seulement par les reflets bleuâtres des émaux et des faïences et les scintillements tombant de haut en étoiles. Une odeur d’encens ravissait qui transportait l’âme vers des jardins rêvés de camphre et de cinnamome. Au milieu, une fontaine jaillissante chantait. Le repos là était parfait et sûr, et l’extase pouvait y être pleine de sérénité.

Tous deux s’assirent sur les tapis, et Mahmoud avança un coussin à Grain-de-Beauté pour s’y appuyer le bras. Des mets étaient servis sur les plateaux, et ils en mangèrent ; et ils burent ensuite les vins de choix contenus dans les pots. Alors le Bilatéral, qui jusque-là n’avait pas été trop pressant, ne put plus se contenir et éclata, en récitant cette strophe du poète :

« Désir ! ni les caresses délicates des yeux ni le baiser des lèvres pures ne sauraient t’apaiser ! Ô mon