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les mille nuits et une nuit

dre : « Que vaut-il mieux que je fasse ? Le réveiller ? L’emporter tel qu’il est, sur mon cheval, et fuir avec lui au désert ? Attendre qu’il soit réveillé, et lui parler, l’attendrir, et le décider à m’accompagner à ma maison de Baghdad ? »

Il finit par s’arrêter à cette dernière idée et, s’asseyant sur le rebord de la plate-forme, aux pieds de l’adolescent, il attendit son réveil en se baignant les yeux de toute la limpidité rosée que le soleil mettait sur son corps enfantin.

Grain-de-Beauté, une fois abreuvé de sommeil, s’étira les jambes et entr’ouvrit les yeux ; et au même moment Mahmoud lui prit la main et, d’une voix très douce, lui dit : « N’aie pas peur, mon enfant, tu es en sûreté auprès de moi ! Mais hâte-toi, de grâce, de m’expliquer la cause de tout cela ! »

Alors Grain-de-Beauté se leva sur son séant et, bien que gêné tout de même par la présence de son admirateur, lui raconta l’aventure dans tous ses détails. Et Mahmoud lui dit : « Louange à Allah, mon jeune ami, qui t’a enlevé la fortune, mais t’a conservé la vie ; car le poète a dit :

« Si la tête est sauve, la fortune perdue n’est qu’une rognure coupée de l’ongle sans le léser !

« Et d’ailleurs ta fortune elle-même n’est point perdue, puisque tout ce que je possède t’appartient. Viens donc avec moi à la maison te baigner et t’habiller ; et dès cet instant tu peux considérer tous les biens de Mahmoud comme les tiens propres, et la vie de Mahmoud est à ta dévotion ! » Et il continua à