Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 5, trad Mardrus, 1900.djvu/241

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de grain-de-beauté
235

déplorant l’entêtement si dangereux du fils de Schamseddîn.

Quant à Grain-de-Beauté, il mangea un morceau ; puis, les esclaves partis se coucher, il sortit de la tente et s’éloigna un peu dans la vallée et alla s’asseoir sous un arbre au clair de lune. Et le souvenir lui vint des lectures que lui faisaient ses maîtres dans le souterrain, et, inspiré d’un lieu si propice aux rêveries, il commença ce chant du poète :

« Reine de l’Irak aux délices légères, ô Baghdad, cité des khalifats et des poètes, si longtemps je t’ai rêvée, ô tranquille… »

Mais soudain, avant qu’il eût achevé la première strophe, il entendit à sa gauche une clameur effroyable et un galop de chevaux, et des vociférations criées par cent bouches à la fois ! Et il se tourna et vit le campement envahi par une troupe nombreuse de Bédouins surgis de toutes parts comme s’ils sortaient de sous terre.

Ce spectacle si nouveau pour lui le cloua sur place, et il put voir ainsi le massacre général de la caravane qui avait voulu se défendre, et le pillage de tout le campement. Et quand les Bédouins virent qu’il n’y avait plus personne debout, ils emmenèrent les chameaux et les mulets, et disparurent en un clin d’œil par où ils étaient venus.

Lorsque la stupéfaction où il était se fut un peu dissipée, Grain-de-Beauté descendit vers l’endroit où se trouvait son campement, et put voir tous ses gens