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histoire de grain-de-beauté
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MAIS LORSQUE FUT
LA DEUX CENT CINQUANTE-NEUVIÈME NUIT

Elle dit :

… Lorsque Grain-de-Beauté eut bien saisi les intentions de Bilatéral et pesé sa demande, il se leva sur l’heure et lui dit : « Non, par Allah ! Je ne vends pas cette marchandise-là ! En tout cas, pour te consoler, je dois te dire que si je la vendais aux autres pour de l’or, à toi je la donnerais pour rien ! » Et, malgré les supplications du Bilatéral, Grain-de-Beauté ne voulut pas rester un moment de plus sous la tente ; il sortit assez brusquement et regagna en hâte le campement où le mokaddem, fort inquiet, attendait son retour.

Aussi lorsque le mokaddem Kamal vit entrer Grain-de-Beauté avec cet air étrange, il lui demanda : « Par Allah ! que s’est-il donc passé ? » Il répondit : « Mais absolument rien ! Seulement il nous faut tout de suite lever le campement et nous en aller à Baghdad, sans retard ; car je ne veux plus voyager avec le Bilatéral ! Il a des prétentions exagérées et fort gênantes ! » Le cheikh des chameliers dit : « Ne te l’avais-je pas dit, mon fils ? Mais loué soit Allah qu’il ne soit rien arrivé ! Seulement je dois te faire remarquer qu’il serait fort périlleux de voyager ainsi seuls. Il vaut mieux rester, comme nous