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les mille nuits et une nuit

pour l’inviter, lui seulement, à venir l’honorer de sa présence. Et Grain-de-Beauté répondit : « Attends que j’aille demander l’avis du cheikh Kamal ! » Mais le mokaddem des chameliers fronça les sourcils à la proposition et répondit : « Non, mon fils, il faut refuser ! » Et Grain-de-Beauté déclina l’invitation.

Le séjour à Damas ne fut pas de longue durée, et l’on se mit bientôt en route pour Alep, où, dès l’arrivée, le Bilatéral envoya inviter Grain-de-Beauté ; mais, comme à Damas, le cheikh Kamal conseilla l’abstention, et Grain-de-Beauté, sans trop savoir pourquoi le mokaddem était si sévère, ne voulut pas le contrarier. Et, cette fois encore, le Bilatéral en fut pour son voyage et ses frais.

Mais quand on eut quitté Alep, le Bilatéral se jura bien que cette fois les choses ne se passeraient plus de la sorte. Aussi, dès la première halte dans la direction de Baghdad, il fit faire les préparatifs d’un festin sans précédent, et vint en personne inviter Grain-de-Beauté à l’accompagner. Et cette fois Grain-de-Beauté fut bien obligé d’accepter, n’ayant pas de motif sérieux à opposer, et rentra d’abord sous la tente pour se vêtir d’une façon convenable.

Alors le cheikh Kamal vint le rejoindre et lui dit : « Que tu es imprudent, ô Grain-de-Beauté ! Pourquoi as-tu accepté l’invitation de Mahmoud ? Ne connais-tu donc pas ses intentions ? Et ne sais-tu le motif qui l’a fait surnommer le Bilatéral ? En tout cas tu aurais dû demander l’avis du vieillard que je suis et dont les poètes ont dit :

« J’ai demandé au vieillard : « Pourquoi marches--