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histoire de grain-de-beauté
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de derrière l’arbre où il était et parut au milieu des jeunes garçons qui le reconnurent et se mirent à le huer en lui courant entre les jambes. Et lui fort content, se laissait faire en leur souriant ; puis il finit par leur dire : « Écoutez-moi, mes enfants ! je vous promets de vous donner demain à chacun une robe neuve et de l’argent de quoi satisfaire tous vos caprices, si vous réussissez à inciter en Grain-de-Beauté l’amour du voyage et le désir de s’éloigner du Caire ! » Et les garçons lui répondirent : « Bilatéral, cela est très facile ! » Alors il les laissa et retourna s’asseoir au milieu des hommes à barbe.

Lorsque Grain-de-Beauté, ayant fini de pisser, fut revenu à sa place, ses camarades clignèrent de l’œil entre eux, et le plus éloquent de la troupe, s’adressant à Grain-de-Beauté, lui dit : « Nous parlions, pendant ton absence, des merveilles du voyage et des pays magnifiques du loin, et de Damas et d’Alep et de Baghdad ! Toi, ô Grain-de-Beauté, dont le père est si riche, tu as dû certainement l’accompagner bien des fois dans ses voyages avec les caravanes ? Raconte-nous donc un peu de ce que tu as vu de plus merveilleux ! » Mais Grain-de-Beauté répondit : « Moi ? Mais vous ne savez donc pas que j’ai été élevé dans le souterrain et que je n’en suis sorti qu’hier seulement ? Comment voulez-vous voyager dans ces conditions ? Et maintenant c’est tout au plus si mon père me permet de l’accompagner de la maison à notre boutique ! »

Alors le même garçon répliqua : « Pauvre Grain-de-Beauté, tu as été sevré des joies les plus délicieuses avant même d’avoir pu les goûter ! Si tu