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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA DEUX CENT CINQUANTE-SIXIÈME NUIT

Elle dit :

Lorsque Mahmoud-le-Bilatéral eut entendu les cris que faisaient les enfants de l’autre côté, il fut ému à l’extrême et pensa : « Il doit sûrement y avoir une bonne aubaine de ce côté là ! » Et il profita de l’inattention générale pour se lever et faire semblant d’aller satisfaire un besoin pressant ; et il se glissa doucement entre les arbres et arriva au milieu des jeunes garçons ; et il tomba en arrêt devant leurs mouvements gracieux et leurs jolis visages. Et il ne fut pas longtemps sans remarquer que le plus beau, sans conteste, d’entre les plus beaux était Grain-de-Beauté. Et il se mit à faire mille projets pour savoir comment lui parler et le prendre à l’écart, et il pensa : « Ya Allah ! pourvu qu’il s’éloigne un peu de ses camarades ! » Or, le destin le servit au delà de ses souhaits.

En effet, à un moment donné, Grain-de-Beauté, excité par le jeu, et les joues toutes roses de mouvement, sentit lui aussi le besoin d’aller pisser. Et, en garçon bien élevé qu’il était, il ne voulut pas s’accroupir devant tout le monde, et s’en alla sous les arbres. Aussitôt le Bilatéral se dit : « Sûrement si je m’approchais de lui maintenant, je l’effaroucherais. Je vais m’y prendre autrement ! » Et il sortit