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histoire de grain-de-beauté
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barbe dans ses mains, sa mère m’a décidé à l’emmener avec moi pour lui apprendre le métier et le mettre au courant des affaires, en prévision de l’avenir. »

Puis il ajouta : « Quant à toi, Sésame, je suis enfin content de te rencontrer pour me libérer de ma dette ! Voici mille dinars, pour le service que tu m’as jadis rendu grâce à ta drogue admirable ! »

Lorsque Sésame eut entendu ces paroles, il ne douta plus de la vérité et courut détromper tous les marchands, qui aussitôt se hâtèrent d’accourir pour féliciter d’abord leur syndic et s’excuser ensuite auprès de lui du retard apporté à la prière d’ouverture que, séance tenante, ils récitèrent entre ses mains.

Après quoi Sésame, au nom de tous, prit la parole et dit : « Ô notre vénérable syndic, qu’Allah conserve à notre affection et le tronc de l’arbre et les rameaux ! Et puissent les rameaux, à leur tour, fleurir et donner des fruits odorants et dorés ! Mais, ô notre syndic, d’ordinaire les pauvres gens eux-mêmes, à l’occasion d’une naissance, font faire des douceurs et les distribuent aux amis et aux voisins : et nous n’avons pas encore dulcifié notre palais de la pâte d’assida au beurre et au miel, qu’il est si bon de goûter en faisant des vœux pour le nouveau-né ! À quand donc le grand chaudron de cette excellente assida ?

Le syndic Schamseddîn répondit : « Mais comment donc ! Je ne demande pas mieux ! Ce ne sera pas seulement un chaudron d’assida que je vous offrirai, mais un grand festin dans ma maison de campagne aux portes du Caire, au milieu des jardins ! Je vous