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les mille nuits et une nuit

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA DEUX CENT CINQUANTE-CINQUIÈME NUIT

Elle dit :

« … garçon si joli dont tu me permets, entre nous, de te féliciter. Il est vraiment très bien ! »

À ces paroles de Sésame, le syndic Schamseddîn ne put plus contenir son indignation, et s’écria : « Tais-toi, ô le plus pourri des débauchés ! Ne sais-tu donc plus que c’est mon enfant ? Où est ta mémoire, ô mangeur de haschich ? » Mais Sésame répondit : « On ne me la fait pas ! Et depuis quand as-tu un fils ? Ce garçon de quatorze ans est-il donc sorti, tel qu’il est, du ventre de sa mère ? » Schamseddîn répliqua : « Mais, ô Sésame, ne te souviens-tu donc pas que c’est toi-même, il y a quatorze ans, qui m’as apporté cette miraculeuse mixture qui épaissit les œufs et concentre le suc ? Par Allah ! c’est grâce à elle que j’ai pu connaître la fécondité et qu’Allah m’a doté de ce fils ! Et tu n’es jamais plus revenu me demander des nouvelles de cette cure. Quant à moi, par peur du mauvais œil, j’ai fait élever cet enfant dans le grand souterrain de notre maison, et aujourd’hui c’est la première fois qu’il sort avec moi. Car, bien que ma première intention eût été de ne le faire sortir que lorsque il aurait pu tenir sa