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les mille nuits et une nuit

mortification ; et comme il était de son devoir de relever une pareille insolence en public, il cria à son fils d’une voix terrible : « Tu vas voir ce qu’il en coûte aux enfants qui désobéissent et manquent d’égards à leur père ! » Et aussitôt il ordonna aux gardes de lui lier les bras derrière le dos et de l’entraîner hors de sa présence et d’aller l’enfermer dans la vieille tour de la citadelle en ruines qui attenait au palais. Ce qui fut immédiatement exécuté. Et l’un des gardes resta à la porte, pour veiller sur le prince et répondre à son appel en cas de besoin.

Lorsque Kamaralzamân se vit ainsi enfermé il fut bien attristé et se dit : « Peut-être aurait-il mieux valu obéir à mon père et me marier contre mon gré, pour lui plaire. J’aurais ainsi du moins évité de le chagriner et d’être gardé dans cette sorte de cachot, au haut de cette vieille tour ! Ah ! femmes maudites, vous êtes encore la cause première de mon infortune ! » Voilà pour Kamaralzamân.

Mais pour ce qui est du roi Schahramân, il se retira dans ses appartements et, en pensant que son fils qu’il aimait tant était en ce moment seul, triste et enfermé, peut-être désespéré, il se mit à se lamenter et à pleurer. Car son amour pour son fils était bien grand et lui faisait oublier l’insolence dont il s’était publiquement rendu coupable. Et il fut extrêmement furieux contre le vizir, qui avait été l’instigateur de cette idée d’assembler le conseil ; aussi, l’ayant fait appeler, il lui dit : « C’est toi qui es le plus coupable ! Sans ton conseil de malheur, je ne me serais pas vu forcé de sévir contre mon enfant ! Parle maintenant, voyons ! Qu’as-tu à répondre ? Et