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les mille nuits et une nuit

« C’est pour aller chercher ton père au souk. » Il demanda : « Et quel est le métier de mon père ? » Elle dit : « Ton père, ô mon œil, est un grand marchand, et il est le syndic de tous les marchands du Caire ; et c’est lui qui est le fournisseur du sultan des Arabes et de tous les rois musulmans. Et, pour te donner une idée de l’importance de ton père, sache que les acheteurs ne s’adressent directement à lui que pour les grosses affaires qui dépassent le chiffre de mille dinars ; mais si une affaire est moindre, serait-elle même de neuf cent quatre-vingt-dix dinars, ce sont les employés de ton père qui s’en occupent sans le déranger. Et il n’y a aucune marchandise ni aucun chargement qui puisse entrer au Caire ou en sortir sans qu’au préalable ton père en soit avisé et sans qu’on vienne le consulter. Allah a donc accordé à ton père, ô mon enfant, des richesses incalculables. Grâces lui en soient rendues ! »

Grain-de-Beauté répondit : « Oui ! Louanges à Allah qui m’a fait naître le fils du syndic des marchands ! Aussi je ne veux plus désormais passer ma vie enfermé, loin de tous les yeux, et dès demain il me faut aller au souk avec mon père ! » Et la mère répondit : « Qu’Allah t’entende, mon fils ! Je vais en parler à ton père dès son arrivée. »

Aussi lorsque Schamseddîn fut rentré, son épouse lui raconta ce qui venait de se passer et lui dit : « Il est temps vraiment de prendre notre fils au souk avec toi. » Le syndic répondit : « Ô mère de Grain-de-Beauté, ignores-tu donc que le mauvais œil est une chose réelle et qu’on ne plaisante pas avec des sujets aussi sérieux ? Et oublies-tu le sort du fils de