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histoire de grain-de-beauté
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quez le nom d’Allah ! Ô mes invitées, celui que vous voyez n’est autre que mon enfant bien-aimé, le fruit de mes entrailles, le fils du syndic des marchands du Caire, celui qui a été élevé sur les seins des nourrices au lait généreux et sur les bras des belles esclaves, sur les épaules des vierges choisies et sur la poitrine des plus pures et des plus nobles ; c’est l’œil de sa mère et l’orgueil de son père, c’est Grain-de-Beauté ! Invoquez le nom d’Allah, ô mes invitées ! »

Et les épouses des émirs et des riches marchands répondirent : « Le nom d’Allah sur lui et autour de lui ! Mais, ô mère de Grain-de-Beauté, comment se fait-il que tu ne nous aies jamais montré ton fils jusqu’à ce jour ? »

Alors l’épouse de Schamseddîn se leva d’abord et baisa son fils sur les yeux et le renvoya, pour ne pas gêner davantage les invitées, puis leur dit : « Son père l’a fait élever dans le souterrain de notre maison pour le soustraire au mauvais œil. Et il a résolu de ne le montrer que lorsque sa barbe aura poussé, tant sa beauté risque d’attirer sur lui le danger et les mauvaises influences. Et s’il est sorti maintenant, c’est certainement par la faute de l’un des eunuques qui a dû oublier de fermer la porte. »

À ces paroles, les invitées félicitèrent beaucoup l’épouse du syndic d’avoir un fils si beau, et appelèrent sur lui les bénédictions du Très-Haut, puis s’en allèrent.

Alors Grain-de-Beauté revint près de sa mère et, comme il voyait les esclaves harnacher une mule, il demanda : « Pour qui cette mule ? » Elle répondit :