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les mille nuits et une nuit

voisines les douceurs préparées à cette occasion.

Le septième jour on jeta du sel dans la chambre, et le syndic alors entra féliciter son épouse. Puis il lui demanda : « Où est le don d’Allah ? « Aussitôt elle lui tendit le nouveau-né. Et le syndic Schamseddîn fut émerveillé de la beauté de cet enfant de sept jours qui avait l’air d’avoir un an, et dont le visage était plus brillant que la pleine lune à son lever. Et il demanda à son épouse : « Comment vas-tu l’appeler ? » Elle répondit : « Si c’était une fille je lui aurais moi-même donné un nom ; mais comme c’est un garçon, à toi la priorité du choix ! »

Or, à ce moment-là, l’une des esclaves qui emmaillottaient l’enfant pleura d’émotion et de plaisir en voyant sur la fesse gauche du petit une jolie envie brune, comme un grain de musc, qui tranchait par sa forme et sa couleur sur la blancheur du reste. Et, d’ailleurs, sur les deux joues de l’enfant, il y avait également, mais en plus petit, un gentil grain noir et velouté. Aussi le digne syndic, inspiré par cette découverte, s’écria : « Nous l’appellerons Alaeddîn Grain-de-Beauté ! »

L’enfant fut donc nommé Alaeddîn Grain-de-Beauté ; mais comme c’était trop long, on ne l’appelait que Grain-de-Beauté. Et Grain-de-Beauté fut allaité durant quatre ans par deux nourrices différentes et par sa mère ; aussi devint-il fort comme un jeune lion et resta-t-il blanc comme le jasmin et rose comme les roses. Et il était si beau que toutes les petites filles des voisines et des parents l’adoraient à la folie ; et il acceptait leurs hommages, mais ne consentait jamais à se laisser embrasser par