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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA DEUX CENT CINQUANTE-DEUXIÈME NUIT

Elle dit :

« … Voilà la mixture souveraine qui durcit les œufs de l’homme et en épaissit le suc trop fluide ! » Puis il ajouta : « Il faut manger cette pâte deux heures avant le moment de l’approche sexuelle. Mais au préalable il te faut, durant trois jours, ne prendre, pour toute nourriture, que des pigeons grillés, extrêmement assaisonnés d’épices, des poissons mâles avec leur laitance au dedans, et enfin des œufs de bélier grillés légèrement. Et si avec tout cela tu n’arrives pas à percer même les murailles et à féconder un rocher nu, je consens, moi Sésame, à me raser la barbe et les moustaches, et je te permets de me cracher au visage ! » Et, ayant dit ces paroles, il remit au syndic le bol de porcelaine et s’en alla.

Alors le syndic pensa : « Sûrement ce Sésame, qui passe sa vie dans la débauche, doit s’y connaître en drogues durcissantes ! Je vais donc mettre ma foi en Allah et en lui ! » Et il rentra à sa maison et se hâta de se réconcilier avec son épouse, qu’il aimait d’ailleurs et dont il était aimé, et tous deux s’excusèrent l’un envers l’autre de leur emportement passager, et s’exprimèrent toute la peine qu’ils avaient eue de se sentir, pendant toute une nuit, brouillés pour des paroles sans conséquence.