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les mille nuits et une nuit

vieillesse est un avertissement de la mort ! Pauvre Schamseddîn ! Te voici près de la porte du tombeau, et tu n’as pas encore de postérité ! Tu t’éteindras, et il sera de toi comme si jamais tu n’avais été ! » Puis, tout plein de ces désolantes pensées, il se rendit à la mosquée pour la prière et de là rentra à sa maison où son épouse, connaissant les heures habituelles de son arrivée, s’était préparée à le recevoir en se baignant et se parfumant et s’épilant avec beaucoup de soin. Et elle le reçut avec un visage souriant et lui souhaita le bonsoir, disant : « Ô soirée de félicité sur toi ! »

Mais le syndic, sans rendre le souhait à son épouse, lui dit d’un ton aigre : « De quelle félicité me parles-tu ? Peut-il encore y avoir quelque félicité pour moi ? » Son épouse, étonnée, lui dit : « Le nom d’Allah sur toi et autour de toi ! Pourquoi ces suppositions néfastes ? Que manque-t-il à ton bonheur ? Et quelle est la cause de ton chagrin ? » Il répondit : « C’est toi seule ! Écoute-moi donc, ô femme ! Songe à la peine et à l’amertume que j’éprouve chaque fois que je me rends au souk ! Je vois dans les boutiques les marchands assis avec, à leurs côtés, leurs enfants au nombre de deux ou trois ou quatre qui grandissent sous leurs yeux. Et ils sont fiers de leur postérité. Et moi seul je suis privé de cette consolation ! Et souvent je me souhaite la mort pour échapper à cette vie sans consolations ! Et je prie Allah, qui a appelé mes pères dans son sein, de m’écrire aussi une fin qui mette un terme à mes tourments ! »

À ces paroles, l’épouse du syndic lui dit : « Ne t’arrête donc pas à ces affligeantes pensées, et viens