Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 5, trad Mardrus, 1900.djvu/205

Cette page a été validée par deux contributeurs.


HISTOIRE DE GRAIN-DE-BEAUTÉ


Il m’est revenu, ô Roi fortuné, qu’il y avait au Caire un vénérable cheikh qui était le syndic des marchands de la cité. Il était respecté de tout le souk pour son honnêteté, ses manières graves et polies, son langage mesuré, sa richesse et le nombre de ses esclaves et de ses serviteurs. Il s’appelait Schamseddîn.

Un jour de vendredi, avant la prière, il alla au hammam, puis entra chez le barbier où, selon les prescriptions sacrées, il se fit couper les moustaches juste au ras de la lèvre supérieure, et se fit soigneusement raser la tête. Après quoi il prit le miroir que lui tendait le barbier et s’y regarda, après avoir toutefois récité l’acte de foi pour se préserver d’une complaisance trop marquée pour ses traits. Et il constata avec une tristesse infinie que les poils blancs de sa barbe étaient devenus bien plus nombreux que les noirs, et qu’il fallait beaucoup d’attention pour distinguer ces derniers parmi les touffes blanches oh ils se disséminaient. Et il pensa : « La barbe blanchissante est un indice de la vieillesse, et la