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les mille nuits et une nuit

écrit cette histoire ne donne pas sa conclusion sur le procédé, je voudrais, ô émir des Croyants, te demander ton avis sur l’acte de ce roi, et savoir ce que tu aurais fait à sa place, dans les mêmes conditions ! »

L’émir des Croyants, Abd El-Malek ben-Merouân, répondit sans hésiter : « Ce roi aurait dû se garder d’agir avec autant de précipitation et il aurait mieux fait de pardonner aux deux jeunes gens, et ce pour trois raisons : la première est que les deux jeunes gens s’aimaient sérieusement et depuis longtemps, la seconde est qu’ils étaient en ce moment-là les hôtes de ce roi puisqu’ils étaient dans son palais, et la troisième est qu’un roi ne doit agir qu’avec prudence et circonspection. Je conclus donc que ce roi a fait un acte indigne d’un vrai roi ! »

À ces paroles, Sett Zahia se jeta aux genoux de son frère et s’écria : « Ô commandeur des Croyants, tu viens, sans le savoir, de te juger toi-même dans l’acte futur que tu vas accomplir ! Je t’adjure par la mémoire sacrée de nos grands ancêtres et de notre auguste père l’intègre, d’être équitable dans le cas que je vais te soumettre ! » Et le khalifat, fort surpris, dit à sa sœur : « Tu peux me parler en toute confiance. Mais relève-toi ! » Et la sœur du khalifat se releva et se tourna vers les deux jeunes gens et leur dit : « Tenez-vous debout ! » Et ils se tinrent debout, et Sett Zahia dit à son frère : « Ô émir des Croyants, cette adolescente si douce et si belle, qui est couverte de ce voile, n’est autre que le jeune Bel-Heureux, fils de Printemps. Et Belle-Heureuse est celle qui fut élevée avec lui et devint plus tard