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les mille nuits et une nuit

allons boire ainsi pour fêter le retour à la santé de Belle-Heureuse ! » Et il leva la coupe d’or et dit : « Pour l’amour de tes yeux, ô Belle-Heureuse ! » et il but lentement. Il déposa alors la coupe et, remarquant la présence de cette esclave voilée qu’il ne connaissait pas, il demanda à sa sœur : « Qui est donc cette jeune fille dont les traits me paraissent si beaux sous ce voile léger ? » Sett Zahia répondit : « C’est une compagne dont ne peut se séparer Belle-Heureuse ; car elle ne peut manger ni boire avec plaisir si elle ne la sent pas près d’elle ! »

Alors le khalifat écarta le voile de l’adolescent, et fut stupéfait de sa beauté ! Bel-Heureux, en effet, n’avait point encore de poils sur les joues, mais un léger duvet seulement qui mettait une ombre adorable sur sa blancheur, sans compter la goutte de musc qui souriait en beauté sur son menton.

Aussi le khalifat, ravi à l’extrême, s’écria : « Par Allah ! ô Zahia, dès ce soir je veux également prendre cette nouvelle adolescente pour concubine, et je lui réserverai, comme à Belle-Heureuse, un appartement digne de sa beauté et un train de maison comme à mon épouse légitime ! » Et Sett Zahia répondit : « Certes, ô mon frère, cette adolescente est un morceau digne de toi ! » Puis elle ajouta : « Il me vient justement à l’idée de te raconter une histoire que j’ai lue dans un livre écrit par un de nos savants. » Et le khalifat demanda : « Et quelle est cette histoire ? » Sett Zahia dit :

« Sache, ô émir des Croyants, qu’il y avait dans la ville de Koufa un adolescent nommé Bel-Heureux, fils de Printemps…