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les mille nuits et une nuit

temps, et plus que jamais je suis résolu à ne jamais m’en approcher, et plus que jamais les livres des anciens et des modernes m’apprennent à éviter la femme, coûte que coûte, car ce sont des rouées, des sottes et des dégoûtantes ! Qu’Allah m’en préserve par la mort même, s’il le faut ! »

À ces paroles, le roi Schahramân comprit qu’il serait nuisible, cette fois encore, d’insister davantage ou de contraindre à l’obéissance ce fils qu’il chérissait. Mais sa peine fut si grande qu’il se leva, désolé, et fit appeler en particulier son grand-vizir, auquel il dit : « Ô mon vizir, qu’ils sont fous, les pères qui souhaitent avoir des enfants ! Ils n’en recueillent que du chagrin et des déceptions ! Voici que Kamaralzamân est résolu, plus encore que l’an dernier, à fuir les femmes et le mariage ! Quel malheur, ô mon vizir, est le mien ! Et comment y remédier ? »

Alors le vizir pencha la tête et réfléchit longuement ; après quoi il releva la tête et dit au roi : « Ô roi du siècle, voici le remède à employer : prends patience encore une année ; et alors, au lieu de lui parler en secret de la chose, tu assembleras tous les émirs, les vizirs et les grands de la cour ainsi que tous les officiers du palais et, devant eux tous, tu lui déclareras ta résolution de le marier sans délai. Et alors il n’osera guère te désobéir devant cette honorable assemblée ; et il te répondra par l’ouïe et la soumission !

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.