« — Je t’apporte des fleurs légères sous mon voile de Koufa et des fruits encore poudrés de l’or du soleil !
— Tout l’or du Soudan est sur ta peau, ô bien-aimée, les rayons du soleil sont dans tes cheveux et le velours de Damas dans tes yeux !
— Me voici ! Vers toi je viens avec l’heure où les soirs tièdes sont propices !… L’air est léger, la nuit se fait soyeuse et transparente, et le murmure vient à nous des feuilles et des eaux !
— Te voici, te voici, ô ma gazelle des nuits ! La ténèbre tout entière est éblouie de tes yeux. Ah ! dans tes yeux que je plonge comme l’oiseau qui s’enivre sur la mer !
— Approche-toi plus près et sur mes lèvres prends leurs roses. Puis laisse-moi lentement glisser de mon calice et, de mes épaules à mes chevilles, achever pour toi d’être nue !
— Oh ! bien-aimée !…
— Me voici ! Le fruit secret de ma chair de lune a la forme, tu le sais, de la datte mûre. Viens !… t’apparaîtra toute la mer, la mer pleine de houle où s’enivrent les oiseaux ! »
Les dernières notes de ce chant à peine avaient-elles expiré sur les lèvres de Belle-Heureuse pâmée de bonheur, que soudain les rideaux s’écartèrent et le khalifat en personne fit son entrée dans la salle.
À sa vue, tous les trois se levèrent vivement et baisèrent la terre entre ses mains. Et le khalifat leur sourit à tous et vint s’asseoir au milieu d’eux sur le tapis, et ordonna à la petite esclave de verser le vin et d’apporter les coupes. Puis il dit : « Nous