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les mille nuits et une nuit

tresse Sett Zahia te demande ! » Alors Belle-Heureuse ne douta plus de sa perte et de celle de son bien-aimé, et suivit, en chancelant, la gentille fillette aux pieds nus.

Mais à peine était-elle entrée dans la salle, que la sœur du khalifat vint à elle, le sourire aux lèvres, lui prit la main et la conduisit à Bel-Heureux, toujours voilé, en leur disant à tous deux : « Voici le bonheur ! » Et les deux jeunes gens se reconnurent à l’instant et tombèrent évanouis dans les bras l’un de l’autre.

Alors la sœur du khalifat, aidée de la petite, les aspergea d’eau de roses, leur fit reprendre connaissance, et les laissa seuls. Puis elle rentra au bout d’une heure et les trouva assis, étroitement embrassés, et des larmes tout plein les yeux de bonheur et de gratitude pour sa bonté. Elle leur dit alors : « Il nous faut maintenant fêter votre réunion en buvant ensemble à l’éternelle durée de votre félicité ! » Et aussitôt, sur un signe, la petite esclave rieuse remplit les coupes de vin exquis et les leur présenta, lis burent, et Sett Zahia leur dit : « Comme vous vous aimez, mes enfants ! Aussi vous devez savoir des vers admirables sur l’amour et des chansons fort belles sur les amants. J’aimerais vous entendre me chanter quelque chose ! Prenez ce luth ! Et, à tour de rôle, faites résonner l’âme de son bois mélodieux ! »

Alors Bel-Heureux et Belle-Heureuse baisèrent les mains à la sœur du khalifat et, le luth accordé, ils chantèrent ces merveilleuses strophes alternées :