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les mille nuits et une nuit

petite fut sortie, elle vint tout près de Bel-Heureux, qui fut tenté de se serrer encore davantage dans son grand voile, et lui dit : « Dis-moi maintenant, adolescente, qui tu es, et dis-moi ton nom et le motif de ta venue dans cette salle où je suis seule à entrer avec l’émir des Croyants ? Tu peux me parler le cœur sur la main, car je te trouve charmante et tes yeux me plaisent déjà beaucoup ! Oui ! vraiment je te trouve ravissante, ma petite ! » Et Sett Zahia, qui aimait à l’extrême les vierges blanches et délicates, avant d’attendre la réponse prit la jeune fille par la taille en l’attirant à elle et porta la main à ses seins pour les caresser, tout en lui dégrafant la robe de l’autre main. Mais elle fut stupéfaite de constater que la poitrine de la jeune fille était aussi lisse que celle d’un adolescent ! Elle recula d’abord, puis se rapprocha et voulut lui soulever la robe pour voir plus clair dans l’affaire.

Lorsque Bel-Heureux vit ce mouvement, il jugea plus prudent de parler, et, prenant la main de Sett Zahia, qu’il porta à ses lèvres, il dit : « Ô ma maîtresse, je me livre entièrement à ta bonté et me mets sous ton aile en demandant ta protection ! » Sett Zahia dit : « Je te l’accorde entière. Parle. » Il dit : « Ô ma maîtresse, je ne suis point une jeune fille ; je m’appelle Bel-Heureux, fils de Printemps le Koufique. Et si je suis venu ici au risque de ma vie, c’est dans le but de revoir mon épouse Belle-heureuse, l’esclave que le gouverneur de Koufa m’a enlevée pour l’envoyer en cadeau à l’émir des Croyants. Par la vie de notre Prophète, ô ma maîtresse, aie compassion de ton esclave et de