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histoire de bel-heureux…
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hâta d’abord d’aider le médecin à faire reprendre connaissance à Bel-Heureux évanoui, et lui dit : « Vous pouvez compter sur la ferveur de ma bonne volonté et de mon dévouement. » Et elle les quitta pour se rendre aussitôt auprès de Belle-Heureuse qu’elle trouva le visage rayonnant de joie et de santé. Elle s’approcha d’elle en souriant et lui dit : « Ma fille, pourquoi n’as-tu pas eu dès le début confiance en ta mère ? Mais aussi, que tu as eu raison de pleurer toutes les larmes de ton âme d’être séparée de ton maître, le joli et doux Bel-Heureux, fils de Printemps de Koufa ! » Et comme elle voyait la surprise de l’adolescente, elle se hâta d’ajouter : « Tu peux, ma fille, compter sur mon entière discrétion et mon maternel vouloir à ton égard. Je te jure de te réunir à ton bien-aimé, dussé-je y risquer ma vie ! Tranquillise donc ton âme et laisse la vieille agir dans ton bien, selon son savoir ! »

Elle quitta alors Belle-Heureuse, qui lui baisait les mains en pleurant de joie, et alla faire un paquet dans lequel elle mit des habits de femme, des bijoux et tous les accessoires nécessaires à un déguisement complet, et retourna à la boutique du médecin, où elle fit signe à Bel-Heureux de venir avec elle à l’écart. Alors Bel-Heureux la mena au fond de la boutique, derrière le rideau, et apprit d’elle ses projets, qu’il trouva parfaitement combinés, et se laissa guider d’après le plan qu’elle lui soumit.

La bonne dame habilla donc Bel-Heureux des habits de femme qu’elle avait apportés, et lui allongea les yeux de kohl et agrandit de noir le grain de beauté de sa joue ; puis elle lui passa des bracelets