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histoire de karamalzaman avec boudour
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» Elle est une auberge, ô mon ami, crois-moi ! Elle est ouverte à tout venant ! Pénètre en elle, si tu veux, mais, le lendemain, sors et va-t’en sans tourner la tête ! À d’autres, la place qu’à leur tour ils devront quitter, si la sagesse leur est connue !

» Donc, ô mon père, bien que cela risque de te chagriner beaucoup, je n’hésiterai pas à me tuer si tu veux me forcer à me marier ! »

Lorsque le roi Schahramân eut entendu ces paroles de son fils, il fut surpris et affligé excessivement, et la lumière se changea en ténèbres devant son visage. Mais comme il affectionnait son fils à l’extrême et qu’il ne voulait pas lui causer de chagrin, il se contenta de lui dire : « Kamaralzamân, je ne veux point insister sur ce sujet qui, je le vois, ne t’est point agréable. Mais, comme tu es encore jeune, Tu as le temps de réfléchir et aussi de penser à la joie que j’aurais de te voir marié et père d’enfants ! »

Et ce jour-là il ne lui dit rien de plus à ce sujet; mais il le cajola et lui fit de beaux présents et agit de la sorte avec lui la longueur d’une année.

Mais au bout de l’année il le fit appeler, comme la première fois, et lui dit : « Te rappelles-tu, Kamaralzamân, ma recommandation, et as-tu réfléchi à ce que je te demandais, et au bonheur que tu me procurerais en te mariant ? » Alors Kamaralzamân se prosterna devant le roi son père et lui dit : « ô mon père, comment pourrais-je oublier tes conseils et sortir de ton obéissance, alors qu’Allah lui-même me commande le respect et la soumission ? Mais pour ce qui est du mariage, j’y ai réfléchi tout ce