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histoire de bel-heureux…
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ne fût là son maître bien-aimé, et elle dit à la vieille dame : « Puisqu’il en est ainsi, puisse ce visage être de bon augure ! Donne-moi les remèdes. » Et elle les prit et, en souriant, les avala en une fois. Et au même moment elle vit le billet, qu’elle ouvrit et parcourut. Alors elle sauta à bas de son lit et s’écria : « Ma bonne mère, je sens que je suis guérie. Ces remèdes sont miraculeux. Ô ! quel jour béni ! » Et la vieille s’écria : « Oui ! par Allah, c’est là une bénédiction du Très-Haut ! » Et Belle-Heureuse ajouta : « De grâce, hâte-toi de m’apporter à manger et à boire, car je me sens mourir de faim depuis près d’un mois que je ne puis toucher aux mets ! »

Alors la vieille, après avoir fait apporter à Belle-Heureuse, par les esclaves, des plateaux chargés de toutes sortes de rôtis, de fruits et de boissons, se hâta d’aller annoncer au khalifat la guérison de la jeune esclave par la science inouïe du médecin persan. Et le khalifat dit : « Va vite lui porter de ma part mille dinars ! » Et la vieille se hâta d’exécuter l’ordre, après avoir toutefois passé chez Belle-Heureuse qui lui remit également un cadeau pour le médecin dans une boîte cachetée.

Lorsque la vieille dame fut arrivée à la boutique, elle remit les mille dinars au médecin de la part du khalifat, et la boite à Bel-Heureux qui l’ouvrit et en lut le contenu. Mais alors son émotion fut telle qu’il éclata en sanglots et tomba évanoui : car Belle-Heureuse, dans un billet, lui racontait sommairement toute son aventure et son enlèvement par ordre du gouverneur et son envoi en cadeau au khalifat Abd El-Malek, à Damas.