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les mille nuits et une nuit

flacon pour que vous y découvriez cette cause inconnue. »

À ces paroles, le médecin dit : « Ô ma maîtresse, il te faut me dire le nom de cette malade afin que je puisse faire mes calculs et savoir au juste l’heure la plus favorable pour lui faire boire les remèdes. » La dame répondit : « Elle s’appelle Belle-Heureuse. »

Alors le médecin se mit à tracer sur un bout de papier qu’il tenait à la main des calculs en grand nombre, les uns à l’encre rouge et les autres à l’encre verte. Puis il fit la somme des chiffres rouges et celle des chiffres verts, les additionna et dit : « Ô ma maîtresse, j’ai découvert la maladie ! C’est une affection connue sous le nom de « tremblement des éventails du cœur ». À ces paroles, la dame s’écria : « Par Allah ! c’est la vérité ! Car les éventails de son cœur tremblent si fort que nous les entendons ! » Le médecin continua : « Mais il me faut, avant de prescrire les remèdes, connaître de quel pays elle est. Cela est très important, car c’est par là que je saurai, une fois mes calculs faits, l’influence de la légèreté de l’air ou de sa pesanteur sur les éventails de son cœur. De plus, pour juger de l’état de conservation de ces éventails délicats, il me faut également savoir depuis combien de temps elle est à Damas et son âge précis ! » La dame répondit : « Elle a été élevée, parait-il, à Koufa, ville de l’Irak ; elle est âgée de seize ans, car elle est née, d’après ce qu’elle nous a dit, l’année de l’incendie du souk de Koufa. Quant à son séjour à Damas, il est de quelques semaines seulement.